60 ans, c’est suffisant !

, par udfo32

Dans un célèbre manuel de Sécurité sociale, l’auteur écrivait en 1993 : « La lutte des âges succède telle à la lutte des classes ? ». Il s’agissait bien sûr de déplorer le « vieillissement irrésistible » de la population et « l’effondrement du taux d’activité des plus âgés ». Jeunes écrasés par le poids des vieux : on voit que depuis plus d’une décennie, les discours ne changent guère.

Actuellement, le gouvernement étudie comme piste de « réforme » la possibilité de repousser l’âge de départ de 60 ans, acquis en 1981, et essaie de convaincre l’opinion du bien fondé d’un éventuel recul. Le MEDEF surenchérit et veut repousser l’âge légal à 67 ans : puisqu’on vit plus vieux, il faudrait travailler plus longtemps.

Ce constat relèverait du bon sens, nous dit-on. Pourtant, le même auteur du célèbre manuel cité ci-dessus expliquait également : « L’abaissement de l’âge de la retraite à taux plein dans le régime général a consacré un mouvement conjoncturel amorcé bien avant la crise de 1974. Celle-ci n’a fait elle-même que l’accentuer, frappant les travailleurs les plus âgés deux fois plus que leurs cadets. L’âge le plus fréquent de cessation d’activité, de 65 ans en 1970, était de 60 ans en 1981 ».

La fixation de l’âge légal à 60 ans n’a donc pas entraîné de modification de la sociologie des entreprises, mais il a permis aux retraités de l’époque de partir avec une retraite à taux plein.

Donc, aujourd’hui on comprend que c’est l’effet inverse qui est recherché : reporter l’âge de départ d’un an ou deux ne fera pas travailler les seniors plus longtemps mais fera faire des économies au régime d’assurance vieillesse, justifiant de ne pas demander d’effort de financement supplémentaire aux entreprises.

Or, la part de la richesse nationale affectée aux personnes âgées résulte bien d’un choix : en quoi serait-il scandaleux qu’un quart de la population bénéficie de redistribution d’un huitième de la richesse totale produite ? Si la productivité des salariés français a progressé, est il anormal que cela soit répercuté sur la protection sociale ?

La Confédération rappellera son exigence sur le dossier des retraites et en particulier que le droit au départ à 60 ans n’est ni amendable, ni négociable, pas plus que la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein